Ventoux ?... J'achète ! 23 km

Ce 15 août, j'ai l'occasion de réaliser un rêve de gamin bien plus qu'une performance sportive : j'ai souvent admiré cet imposant promontoire, mais gravi, jamais. Alors ce matin, je m'élance dès l'aurore pour décrypter les mystères du Géant de Provence.

Départ un peu en-dessous du Pavillon de Rolland. Altitude 780 m, mine de rien ça raccourcit un peu l'ascension. Je tourne un tantinet en rond avant de trouver le chemin balisé en jaune. Pas de doute, ça monte, c'est le bon. La forêt ressemble à la garrigue, les chemins sont calcaires mais praticables, pas de problème pour courir. Je rejoins le GR91B au détour d'un virage, et une section roulante me conduit à Barragne (1155 m) en passant à proximité du Jas de Roussas.

1. En approche 2. A vos marques 3. Réveil en douceur

Là, je reprends à gauche l'agréable chemin qui monte dans le Vallon des Pointes. C'est encore ombragé, les résineux se font de plus en plus présents malgré quelques beaux pierriers. Je cours de temps à autre, c'est ludique, et je sais qu'au-dessus de ma tête il y a une antenne colossale que j'apercevrai peut-être bientôt. Je coupe la D974 et entame un passage en lacets au milieu de quelques chalets bizarrement fermés. Voici s'approcher un repère important dans l'ascension du Ventoux : le chalet Reynard, sur lequel je redescends, station de ski et halte bienfaitrice pour les cyclistes.

1. Barragne 2.En cabane 3. L'ombre du Chalet Reynard

Le paysage change brutalement, le calcaire blanc prend presque toute la place désormais. Seule une végétation rase subsiste, de belles fleurs sauvages, et des espèces que je ne sais sûrement pas apprécier à leur juste valeur. Je profite néanmoins de ce cadeau, l'âme de Jean-Henri Fabre n'est pas loin... Le soleil darde ses rayons et je continue par un vallon à l'Est de la piste du Signal, où s'estompe progressivement mon ombre allongée. Me voici sur la crête, et pour la première fois je me retourne. Au sud : Lubéron, Sainte-Baume, Sainte-Victoire. A l'Ouest : sommet du Ventoux, Cévennes et Mont Lozère. Au Nord : Baronnies. A l'Est enfin : Alpes et Mont Blanc trônant magnifiquement tout en haut. 360° étourdissant.

1. Fini les arbres 2. Remontée non mécanique 3. Sur la crête

Et c'est parti pour une expédition sur la lune, tout est calcaire sur des kilomètres. Tête de la Grave (1515 m), puis Col des Tempêtes (1834 m). Le chemin est évident, et même s'il fait très beau aujourd'hui, les immenses poteaux rouges et bleus laissent deviner la violence des vents et des éléments qui sévissent parfois ici. Je discute avec un photographe qui est là depuis le lever du jour et nous observons secrètement les chamois perchés dans la pente Nord, en contrebas.

1. La route 2. Le chemin 3. Face Nord

Sommet (1911 m), antenne télé, et café devant ce paysage serein. Nouveau 360° bien entendu. Je croise quelques cyclistes et randonneurs qui sont montés par la face Nord.

1. Après le Col des Tempêtes 2. 1911 m 3. L'antenne

10h, il est temps de repartir tranquillement par la chappelle Sainte-Croix. Je suis un balisage jaune jusqu'au Clapier de l'Ermite, et poursuit la descente jusqu'au Jas des Pélerins (1547 m).

1. Face Sud 2. Pause café 3. La chapelle Sainte-Croix

Grande piste à gauche sur quelques centaines de mètres, et je plonge à droite vers le Rocher de l'Aiguille, un passage intimiste au creux d'un vallon surplombé par les rocs majestueux. Tout se court facilement, tranquillement pour en profiter. Quelques marcheurs sont dans l'ascension depuis Bédoin, je leur souhaite bon courage.

1. La descente 2. Sur le bout des doigts 3. Le rocher de l'Aiguille

Dernière section enfin, retrouvant les résineux et le GR91B à la Combe Fiole. Jas de la Couanche (1142 m) puis Jas du Mourre (1041 m), le Pavillon de Rolland n'est pas loin. Fin de la ballade.

1. Jas de la Couanche 2. De profil 3. Tout ça pour ça

Bilan : parcours en boucle de 23 km et 1180 m D+, environ 3h45 sans compter la pause café mais en intégrant les nombreuses pauses photos et contemplations !

Le Ventoux c'est le royaume des cyclistes, une véritable fourmilière sur la route à partir de 10h le matin... maillots en vente au sommet, et photographes qui marchandent les clichés de l'ascension via internet. En revanche, c'est beaucoup plus calme par les chemins, et tant mieux même en ce 15 août. Cette montagne isolée a ceci d'unique qu'elle permet de voir loin, et partout. L'étagement des différentes végétations est aussi très agréable à parcourir, et ce n'est finalement pas très dur car la pente est régulière.

A lire au préalable pour mieux appréhender les choses : "Une ascension au mont Ventoux" de l'entomologiste Jean-Henri Fabre (1879)

Le site qui m'a fourni la trame de l'itinéraire (j'avais la carte en mains, l'orientation était facile) :
http://www.globetrekkeuse.com/ascension-du-mont-ventoux