J2 : lundi 5 septembre
Fournet-Blancheroche - Les Alliés 56 km
Suite du Jurassik Tour avec une seconde journée bien humide, mais qui marque la transition vers des jours meilleurs. En tout et pour tout, je ne croise personne aujourd'hui, ni randonneur ni VTTiste. C'est donc une journée de solitude, toujours bienfaitrice lorsqu'elle ne dure pas trop longtemps. Je rejoins le soir un groupe de sympathiques Vauclusiens qui brisent ce silence méditatif.
Petit déjeuner copieux avec du fromage. Du courage, il en faut pour se lancer sous la pluie à travers champs et rejoindre après quelques kilomètres le tracé de la GTJ. Je longe le plateau Ouest au-dessus du Doubs, de l'autre côté c'est la Suisse.
Le chemin relativement plat me permet d'avancer à grandes enjambées vers le barrage du Châtelot, à la quiétude étonnante. Je fais une halte curieuse dans une cabane de Gabelous, qui servait jadis aux douaniers de poste d'observation. Je reste très prudent dans la succession d'escaliers métalliques et glissants qui me ramènent au niveau de l'eau. J'observe oiseaux et petits animaux sans les perturber.
La retenu du Châtelot s'étend sur quelques centaines de mètres avec un côté buccolique accentué par les reflets, les nuages hauts et l'eau verte. Les barques inertes dorment tranquillement sur les berges.
Le filet d'eau du barrage se rétrécie alors progressivement pour redevenir rivière en amont. le chemin commence à reprendre son yoyo sur les falaises, et c'est non loin de là que j'arrive en surplomb du saut du Doubs. Figurez-vous que cette chute de 27 m de haut a été créée voici 12000 ans par un éboulement rocheux. Je suis seul, ce qui me semble improbable vu les cafés et marchands de souvenirs qui cueillent les touristes à la descente des bateaux. Mais il pleut, alors bon nombre ont passé leur route.
Les kilomètres suivants sont un brin monotones, trop de bitume pour arriver à Villers-le-Lac. Les maisons y sont assez caricaturales : le chalet flambant neuf et la grosse voiture garée devant regardent de concert vers la Suisse, de l'autre côté. Je fais une halte prolongée pour un déjeuner sur le pouce, et fais également des provisions pour le soir. Passés les faubourgs, le chemin devient plus montagnard, de beaux alpages, des vaches, le chalet de Patrick Bohard que je n'ose déranger, et me voici bien vite sur la frontière. Le spectacle est saisissant : dans une ambiance brumeuse et humide que R.L.Stevenson n'aurait pas reniée, je me retrouve nez-à-nez avec des bornes en pierre multi-séculaires. Elles matérialisent, avec des murets, la frontière helvétique. Un pilier de télésiège surgit de la brume et je bascule dans la descente très ludique, entre racines et aiguilles de sapins.
Je retrouve les alpages à la station de ski de fond du Gardot. Toujours désert, pas de fontaine pour remplir mes bidons, alors je joue au chameau. Un peu plus loin, voici le mont Châteleu et le hameau des Seignes. Grosse descente vers un ruisseau.
La côte du Cerf remonte bien raide. En haut je fais l'erreur de traverser un troupeau de génisses qui soufflent bizarrement à mon passage. Je ne m'attarde pas et bascule rapidement dans une cavalcade de plusieurs kilomètres qui me mène aux Alliés. Le gîte communal est rénové et accueillant, j'y retrouve un groupe de joyeux Vauclusiens avec qui nous partagerons le repas et le dortoir. Pour l'anecdote, j'ai quand même porté pâtes et saucisse de Montbéliard sur 30 km !
Bilan de la journée : 56 km sous une pluie finalement fine et constante. Pas désagréable. Et demain ça va changer !