J4 : mercredi 7 septembre
Mouthe - Refuge de la Frasse 57 km
J'aime les journées qui commence comme cela, un bon petit déjeuner à la boulangerie de Mouthe ouverte aux aurores pour les frontaliers, une journée ensolleillée qui s'annonce, un bonhomme bien reposé... Tous les voyants sont au vert !
Ce matin j'abandonne très provisoirement le tracé de la GTJ pour rallier Chapelle-des-Bois par le GR5. Ce plateau d'altitude est très paisible, et on sent qu'il est propice aux sports d'hiver, avec en premier lieu une large activité combiné nordique au balisages omniprésents. A la Chaux-Neuve, je trouve même cinq tremplins de saut à ski construits en 1989 pour un championnat de monde junior qui fut finalement annulé faute de neige.
Suite du parcours à travers les forêts, le chemin est facile et les clairières accueillantes. C'est peu avant Chapelle-des-Bois que je retrouve le tracé de la GTJ, où je fais une halte : fruitière et épicerie pour préparer mon pique-nique.
L'herbe est verte est accueillante, je m'installe en bordure de la tourbière, véritable microcosme naturel en équilibre fragile. La croix du cimetière des pestiférés dénote dans ce paysage, et rappelle qu'avant 1640 lesdits malades étaient enterrés à l'écart du village pour contenir les épidémies.
En repartant, je croise des promeneurs qui prennent eux-aussi l'air, et mes pas me conduisent à deux lacs contigus, celui des Mortes et celui de Bellefontaine, alimentés par la tourbière qui fait office d'éponge naturelle.
Peu avant Bellefontaine, me rejoint mon ami VTTiste auvergnat laissé l'avant-veille à Fournet-Blancheroche. Super ! Nous papotons un peu avant et je lui indique mon étape du soir avant qu'il ne prenne le large. La suite est une ascension assez raide et régulière sur un ancien chemin de contrebande jusqu'au Livre d'Or du Risoux. Là encore une histoire funèbre : après 1793 et l'interdiction de la pratique religieuse, les habitants des environs célèbraient des messes secrètes pour leurs morts le long de la falaise des Trépassés, gravant dans la pierre un nom, une figure ou un dessin.
A partir de là, de larges pistes s'offrent à moi. Je manque de me faire mordre par un chien quelque peu virulent mais esquive ses crocs (et lui les miens !). Des chalets, un randonneur britannique et une longue descente vers Les Rousses... Ici, l'univers est totalement différent, moins nature et rustique, avec des commerces de luxe et de grosses voitures germaniques. Je ne m'attarde pas longtemps et reprends mon chemin après avoir tout-de-même admiré le Fort des Rousses, construit en 1848 et converti aujourd'hui en cave d'affinage pour quelques 75 000 meules de comté... De quoi satisfaire mes envies fromagères pour un bout de temps !
Je passe enfin à proximité de Prémanon pour attaquer l'ultime difficulté du jour, la montée droit dans la pente de la piste de ski des Tuffes, moment pittoresque mais nénamoins sportif. Superbe panorama au sommet. Un monotrace serpente dans la Forêt du Massacre (c'est rassurant non ?!) et me conduit à ma destination. Le chalet de la Frasse est niché dans la montagne, sans eau courante autre que celle de récupération, et après une toilette succinte, je partage un agréable apéritif avec Claire - chargée de communication de la GTJ - et mon ami auvergnat qui a fait l'effort de pédaler jusque-là. Super soirée autour d'une morbiflette et de vin local dans cet endroit un peu hors du temps.
C'est chouette le Jura, après les gorges du Doubs et le plateau de la Petite Sibérie, j'entre maintenant dans un massif aux contours plus marqués...