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L’ultra du Pas du Diable… un nom quelque peu effrayant, mais un territoire tellement attachant qu'il fallait bien que j'aille voir de quoi il en retourne. Accrochez-vous, on est parti !

 

Vendredi 27 avril

Il est 17 heures lorsque je rejoins l’ami Gérard - rencontré sur la Trans Aubrac l’an dernier - pour un covoiturage quelque peu original en camping-car… grand confort assuré. Deux heures plus tard, nous pénétrons dans St-Jean-du-Bruel, avec quelques points de repère bien connus comme le Roc Nantais. Les Causses du sud Aveyron nous tendent les bras ! Au retrait des dossards pas mal de sourires et de retrouvailles : la formidable Titine, l’inépuisable Rafion, le maestro Jean-Chri, le poulet volant Damien, le speedy Gonzalès Clément, Laurent, la photographe à l’œil aiguisé Virginie, le boulanger montagnard Thierry, les GO Carole et Loulou évidemment… Tout un petit monde fort sympathique, le décor est planté, ambiance bon enfant et immersion dans le moment présent… car demain une journée s’annonce ! Une pasta party plus tard, l’improvisation a du bon, toujours : nous voici avec Jean-Chri sur des lits de camp, dans une grande chambre inespérée au milieu de laquelle trône une cheminée monumentale.

1. Un bivouac luxueux, 2. Au départ avec Jean-Chri et Stéphane, 3. Le grand Benoît Cori1. Un bivouac luxueux, 2. Au départ avec Jean-Chri et Stéphane, 3. Le grand Benoît Cori1. Un bivouac luxueux, 2. Au départ avec Jean-Chri et Stéphane, 3. Le grand Benoît Cori

1. Un bivouac luxueux, 2. Au départ avec Jean-Chri et Stéphane, 3. Le grand Benoît Cori

Samedi 28 avril

2h45 le réveil se manifeste. Un peu tôt pour un week-end n’est-ce pas ? Ne rien oublier, se concentrer un tantinet, saluer au passage les copains Carole et Emir alias les Lapins Runners, petit déjeuner avec les moyens du bord, retrouver un benoît Cori décontracté. A 4 heures, 350 coureurs sont rassemblés devant la halle couvert du village. Un discours un peu long, un peu de musique, et je pars très prudemment car je traîne une douleur au tendon d’Achille gauche depuis quelques semaines, pas bloquante mais suffisamment bavarde pour limiter ma vitesse ascensionnelle. J’apprendrai un peu plus tard que ce sera aussi en descente…

1. Petit jour, 2. Trèves, 3. Pluie sur les Causses1. Petit jour, 2. Trèves, 3. Pluie sur les Causses1. Petit jour, 2. Trèves, 3. Pluie sur les Causses

1. Petit jour, 2. Trèves, 3. Pluie sur les Causses

Les deux premières heures sont longues et frustrantes car on attaque directement les monotraces. Parti en fond de peloton, pas d’autre solution que de suivre gentiment sans pouvoir doubler pour se replacer, ou d’attendre 10 minutes lorsqu’il y a un franchissement à la corde. Deux heures, dix kilomètres, on va dire qu’on garde des forces pour la suite. A noter le passage sur le causse Bégon ! (sic) Extinction de la frontale à 6h30, la course commence vraiment ici au franchissement d’un ruisseau. C’est assez technique avec de vrais petits chemins de chèvres, mieux vaut être attentif aux appuis, tout le temps. Et ça crapahute sec avec des enchaînements de montées et descentes incessants. Un beau début exigeant.

1. Entrée dans la grotte Saint-Firmin, 2. A l'intérieur, 3. Trou de souris1. Entrée dans la grotte Saint-Firmin, 2. A l'intérieur, 3. Trou de souris1. Entrée dans la grotte Saint-Firmin, 2. A l'intérieur, 3. Trou de souris

1. Entrée dans la grotte Saint-Firmin, 2. A l'intérieur, 3. Trou de souris

Trèves, km 20, content de trouver de la saucisse sèche de pays, du fromage de Laguiole, quelques oranges et du chocolat. On se remet les idées en place et c’est reparti pour une belle ascension où je retrouve Jean-Chri et Stéphane qui ne tarderont pas à partir devant. Le passage dans la grotte Saint-Firmin est rocambolesque : entrée en se hissant à la corde, franchissement d’échelles, glissades en tout genre sans jamais lâcher la main courante véritable ligne de vie… Pas facile mais une belle curiosité.

1. Dans les bois, 2. Entrée dans l'abîme de Bramabiau, 3. Grosse fatigue à Camprieu1. Dans les bois, 2. Entrée dans l'abîme de Bramabiau, 3. Grosse fatigue à Camprieu1. Dans les bois, 2. Entrée dans l'abîme de Bramabiau, 3. Grosse fatigue à Camprieu

1. Dans les bois, 2. Entrée dans l'abîme de Bramabiau, 3. Grosse fatigue à Camprieu

Un peu plus haut, le panorama sur les profondes vallées que les rivières ont entaillé dans le calcaire est saisissant. Le chemins s’élargit un tantinet et permet de dérouler les foulées. Une courte et intense averse nous rafraîchit alors. Nous passons à proximité de belles bâtisses caussenardes en progressant sur des tapis de feuilles qui rythment la redescente. Au Roquet, on rampe sous la route dans une buse de 70 cm de diamètre, amusant. Une retenue d’eau annonce quelques kilomètres plus haut l’abîme de Bramabiau. Ici c’est plus facile et aménagé, ce qui n’altère en rien la beauté du lieu avec cette rivière souterraine que l’on suit d’un bout à l’autre du causse. Nous sommes ici dans le Gard.

Camprieu, km 40. Quasiment 8 heures de course… je suis sec ! Une bonne pause assis sur une chaise, soupe, pâtes, tout y passe. Je recroise Gérard ici et oublie même mes bâtons en ressortant du gymnase. Quelques coureurs parlent de la distance de leur GPS qui ne correspond pas à celle annoncée, moi je n’en sais rien puisque je n’en ai pas - et ça rend la balade plus belle et décomplexée, essayez. Mon tendon bavard tient néanmoins le coup, et moi aussi. Le temps menaçant va s’arranger pour la suite.

1. Mont Mal, 2. Sur les hauteurs, 3. Dans la vallée1. Mont Mal, 2. Sur les hauteurs, 3. Dans la vallée1. Mont Mal, 2. Sur les hauteurs, 3. Dans la vallée

1. Mont Mal, 2. Sur les hauteurs, 3. Dans la vallée

On s’élève gentiment mais sûrement, toujours de beaux et surprenants monotraces parfois ouverts pour l’occasion au milieu des châtaigniers des Hautes Cévennes. Quel travail herculéen ! Ca souffle au Mont Mal à 1266 m, physiquement je reprends des couleurs et attaque la descente vers Dourbies en confiance, mais sans trop de vitesse. Je commence à trouver des espaces pour progresser seul et j’aime ça, tout comme la compagnie à d’autres moments. Avec surprise je retrouve ici l’ami Fi Noou. Tout en bas, le franchissement de la rivière Dourbies est épique au Saut de la Chèvre qui porte bien son nom : il faut faire des sauts de puce d’un bloc rocheux à l’autre. Plus éléphanteau que chamois, et pas très en confiance avec ce tendon, je ne tente pas le diable et passe directement dans la rivière pour une cryothérapie naturelle. Pour regagner le prochain village, c’est beau mais un peu long, les experts du GPS grognent encore à mes côtés. J’en souris.

1. L'ami Fi Nouu, 2. Le Saut de la Chèvre avec Gaëlle, 3. Dourbies1. L'ami Fi Nouu, 2. Le Saut de la Chèvre avec Gaëlle, 3. Dourbies1. L'ami Fi Nouu, 2. Le Saut de la Chèvre avec Gaëlle, 3. Dourbies

1. L'ami Fi Nouu, 2. Le Saut de la Chèvre avec Gaëlle, 3. Dourbies

Dourbies, km 58, un peu plus de 11 heures de course. Une salle des fêtes pleine comme un œuf où coureurs et accompagnateurs jouent des coudes dans un joyeux brouhaha. Un festin salé, une tenue sèche, une sieste de 25 minutes sur un lit de camp… on est bien ici ! Autour de moi, certains organismes commencent néanmoins à peiner, ça se détecte à de petits riens significatifs.

1. Micro-sieste, maxi-repos, 2. Le Suquet, 3. Lac des Pises1. Micro-sieste, maxi-repos, 2. Le Suquet, 3. Lac des Pises1. Micro-sieste, maxi-repos, 2. Le Suquet, 3. Lac des Pises

1. Micro-sieste, maxi-repos, 2. Le Suquet, 3. Lac des Pises

Il est 16 heures lorsque je repars frais comme un gardon à la conquête du Suquet (1340 m). Je commence à rentrer dans ma course et à prendre un vrai plaisir seul dans la montagne. Pour me donner du courage, Pauline Croze et Dimoné dans les oreilles m’accompagnent quelques kilomètres. Je fais un bout de chemin avec un sympathique coureur au bob à carreau qui prépare la Pika Pika en août, un forçat du D+. Moi je ne prépare rien, je profite simplement de chaque instant et chaque pas. Après le point d’eau des Laupies, nous attaquons sur un bon rythme la montée vers le très beau lac des Pises et la Luzette (1449 m). Ses pêcheurs et son vieil observatoire offrent un instant de répit avant la montée sèche qui suit peu après, ça abandonne autour de moi.

Suit un passage qui voit la nuit tomber avec douceur sur des villages à flanc de falaise, et la descente pour aller chercher le prochain ravitaillement. J’allume ma frontale.

1. La Luzette, 2. A Aumessas, 3. Le rocher du Saint-Guiral1. La Luzette, 2. A Aumessas, 3. Le rocher du Saint-Guiral1. La Luzette, 2. A Aumessas, 3. Le rocher du Saint-Guiral

1. La Luzette, 2. A Aumessas, 3. Le rocher du Saint-Guiral

Aumessas, km 85, 18 heures de course. Le lieu est exigu mais plein de bonne humeur. Je pique un bout de saucisses grillée aux bénévoles, refusant le verre de rouge. Pâtes, charcuterie, fromage, je prends mon temps. Les organismes sont éprouvés et parfois hésitants. Micro-sieste de 10 minutes assis sur une chaise. Je repars et je sais que c’est pour aller au bout, avec certitude. Les 7 km et 900 m D+ qui suivent sont une partie chronométrée, ça reste bien sûr anecdotique car je mettrai plus du double de temps que mister Cori. L’attaque est franche et technique et ça se calme ensuite au passage d’une cascade qui vrombit dans le noir. A partir d’ici, je vis une course fantastique, seul dans le noir, bientôt entrant dans le brouillard, le vent des crêtes et la pluie qui s’invite par épisode. Une atmosphère certes difficile mais finalement très enveloppante, une ambiance ! Le brouillard est si dense que je ne perçois la frontale des coureurs isolés que je rattrape à seulement quelques mètres d’eux. Heureusement le balisage est serré et bigrement efficace.

 

Un point d’eau sous une tente surgit tel un fantôme de la montagne. Inespéré. Une verveine et je repars à travers la forêt dense à l’assaut du Saint-Guiral (1366 m).  Des légendes prétendent que sorcellerie et messes noires se déroulent à la nuit tombée au pied du caillou... inquiétant n’est-ce pas ? Il fallait bien que je vérifie cela sur place. Il est 1h51 lorsque je caresse avec émotion le fameux dôme granitique au sommet, véritable bête minérale qui surgit dans le halo de ma lampe ! Pour en distinguer la totalité, d'une vingtaine de mètres de haut, j'éteins et plonge dans l'obscurité. Son imposante silhouette se découpe alors intégralement dans le brouillard. Un monstre. Je le touche et le caresse : pas de mauvaise intention ! Je repars le cœur plus léger affronter la tempête...

La descente s’amorce jusqu’au prochain ravitaillement au Col du Pradarel (900 m), km 98, je double quelques coureurs restés en groupe. Puis ça devient très raide et glissant, totalement hors piste dans les genêts et la terre qui se dérobe. Heureusement il me reste un peu de vigilance et d’énergie pour enchaîner ensuite vers le Jaoul (836 m).  Une vraie belle traversée nocturne en solitaire, je ne fais maintenant que doubler sans jamais être rejoint, ce qui est bon signe. En bas, la traversée diagonale de plusieurs champs immenses est un peu longue d’autant plus que la pluie s’invite par intermittence.

1. Finisher, 2. Profil1. Finisher, 2. Profil

1. Finisher, 2. Profil

 

Sauclières, km 112, dernière halte. Personne ne descend, en voiture, attachez-vos ceintures ! Le second souffle est là, ou plutôt le dixième… je galope comme un lièvre en descente, en montée, sur les faux-plats (et sur les vrais !), rien ne peux plus m’arrêter… Je dépasse des gens à l’arrêt, je saute de pierre en racine, caillou en ruisseau. Un final à tombeau ouvert sur les 10 derniers kilomètres.

Résultats chiffrés :
442 inscrits, 350 partants, 296 finishers, pointage en position 176 en 27h44min

 

Ce périple a été beau pour ces décors, les Causses et les vallées, ces points d’intérêt tels que les grottes et abîmes, ses monotraces omniprésents qui mènent les coureurs sur les chemins des transhumances. Je suis monté crescendo en puissance et en plaisir et j’avoue que j’aurais bien signé pour 50 kilomètres de plus. Merci à tous les amis que j’ai pu y croiser, vous êtes formidables. Par-dessus tout Carole et Louis réussissent le pari osé de maintenir toute la convivialité de l’évènement malgré l’ampleur qu’il prend au fil des ans. C’est largement mérité, un vrai tour de force, grand merci. Je reviendrai sans nul doute.

 

Dimanche 29 avril

Epilogue… un covoiturage annulé par le conducteur à la dernière minute, il a fallu sortir de St-Jean-du-Bruel (merci Jean-Chri !) pour regagner l’autoroute et jongler avec de nouvelles réservations. L’aventure nous attend toujours là où on ne l’attend pas…

Le trombinoscope des copains...

Gérard, Titine et DamienGérard, Titine et DamienGérard, Titine et Damien

Gérard, Titine et Damien

Rafion, Carole et LoulouRafion, Carole et LoulouRafion, Carole et Loulou

Rafion, Carole et Loulou

Laurent, Sidnei, Carole, Emir et Eric (départ du 30 km)Laurent, Sidnei, Carole, Emir et Eric (départ du 30 km)Laurent, Sidnei, Carole, Emir et Eric (départ du 30 km)

Laurent, Sidnei, Carole, Emir et Eric (départ du 30 km)

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