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Mon dernier passage sur les terres volcaniques du Cantal, qui était aussi le premier d’ailleurs, remonte à deux semaines à peine lors de la superbe XGTV. Et comme tu connais ma gourmandise, tu imagines de suite ma réponse lorsqu’on m’a demandé si je reprendrai un morceau de Cantal... L’idée du jour est simple, un format court histoire de varier les plaisirs, un peu de vitesse pour voir où on en est, un relais avec ma chérie qui reprend un dossard après une bonne coupure. Le plaisir du duo sans pour autant se mettre la rate au court bouillon !

 

Tu imagines bien que prendre des photos ou papoter avec les bénévoles est bien plus limité sur 12 km que sur un ultra. La météo menaçante pousse d’autant plus les coureurs à ne pas lambiner.

Les Bégon font la paire au Trail d'Aurillac - 24 km relaisLes Bégon font la paire au Trail d'Aurillac - 24 km relaisLes Bégon font la paire au Trail d'Aurillac - 24 km relais

Pas de compromis sur son intérêt malgré la compacité du parcours, il s’agit bien d’un trail et pas d’une course nature. La sortie d’Aurillac est aussi rapide que raide, ma sagesse me fait marcher dans la pente là où d’autres courent à peine plus vite, mais à quel prix. Arrivé sur la première marche du plateau, je trouve rapidement mon rythme pour les 6 kilomètres qui suivent. Une ascension régulière, variée et agréable. Des monotraces, des sections boisées, d’autres dans les prés.

 

Les premiers coureurs solos, partis 5 min après les relayeurs, me doublent autour du 5ème kilomètre et je leur emboîte le pas quelques minutes à chaque fois. Mon rythme de sénateur me permet néanmoins d’aller chercher plusieurs coureurs devant, une course de remontée c’est toujours rassurant. Le 10ème kilomètre amorce la descende raide et boueuse. Pas franchement ma tasse de thé (à la tienne !), et surtout pas question de se faire mal. Je ralentis ici parfois jusqu’à l’arrêt.

 

En déboulant dans la vallée à Rouffiac, je croise l’ami Yannick qui a malheureusement jeté l’éponge sur l’ultra et Sébastien en signaleur. Karine est prête au ravitaillement, nous gesticulons pour nous retrouver au milieu de la foule des supporters. Ni une ni deux, elle s’élance tête baissée, et l’assemblée sourit lorsque je lance un « j’ai pas eu mon bisou ! ». 12.5 km en 1h10, 22ème position, contrat rempli pour cette première moitié en mettant Karine sur orbite.

Les Bégon font la paire au Trail d'Aurillac - 24 km relaisLes Bégon font la paire au Trail d'Aurillac - 24 km relaisLes Bégon font la paire au Trail d'Aurillac - 24 km relais

Pour la suite, la météo devient capricieuse. La pluie apparaît et il pleut bientôt des cordes. Je pense à ma chère et tendre partie sans veste, pas le plus simple pour une reprise. Je rejoins le parcours en haut d’une colline au-dessus de St-Simon et l’attends sagement en pensant la trouver dans le dur. Ne voyant rien venir 20 min plus tard, je redescends vers Aurillac et reçois alors un coup de fil :

"- Je suis arrivée !"

"- Déjà ? Super, quelle surprise."

Nous nous retrouvons finalement autour du gargantuesque ravitaillement d’arrivée.

 

Je passe maintenant la plume ou plutôt le clavier à Karine, pour qu'elle nous raconte comment s'est passée son aventure dans les montagnes...

Le stress monte en attendant Jérôme à Rouffiac. Je retrouve cette sensation mêlée d'excitation et d'appréhension de ne pas être à la hauteur... d'être une opportuniste au milieu de tous ces coureurs qui m'ont l'air bien plus affutés que moi ! Les relayeurs arrivent les uns après les autres, j'attends... Quand soudain je reconnais au loin mon irremplaçable bob rouge qui s'approche ! C'est parti, c'est mon tour !
Je m'élance sans me retourner, le cerveau en ébullition et les pensées qui déferlent dans ma tête. Un petit faux plat montant me permet d'entrer progressivement en piste. Très rapidement me voilà confrontée à la première pente du parcours. Je marche, décomplexée... malgré l'ensemble des coureurs qui continuent de trottiner devant moi. Certains me lancent des "allez... courage". Non mais ça va moi, pas de souci ! Pour la première fois sur un trail, je sais ce que j'ai à faire, je sais comment le gérer. La pente fait place à la descente, je relance, je cours d'un bon rythme et je me sens plutôt bien. J'aime le paysage, la piste oscille entre monotraces boisés et chemins dégagés. Je laisse passer les lièvres derrière moi et profite du moment. La température extérieure est agréable mais le ciel très menaçant... J'entends le tonnerre... L'orage arrive, c'est pour moi ! Je me retrouve à courir sous une pluie battante, je suis trempée des pieds à la tête mais je me surprends à aimer cet instant. Cette parenthèse qui me permet de me recentrer sur moi, d'oublier l'effort pour mieux avancer.

La pluie se calme puis s'arrête. Une petite satisfaction personnelle quand je parviens à dépasser deux relayeuses parties bien avant moi. Au 19ème km environ, nous voici à longer un magnifique champ de marguerites et de fleurs sauvages violettes. Je marche en contemplant cet espace bucolique bien consciente de la chance que j'ai.

Nous sommes à 4 km d'Aurillac, la route goudronnée s'offre à nous et sera notre compagne sur une grande partie de la fin du périple. Je reprends ma course, je me sens légère et en pleine forme. J'avale les kilomètres à 11 km/h voire 12 ou 13 sur les descentes. Je me sens bien. Aurillac ouvre ses portes. Nous traversons le centre ville pour rejoindre l'arche d'arrivée, encouragés par des supporters assis aux terrasses des cafés. J'ai réussi, je suis fière de moi. Comme à chaque fin de course, je sens l'émotion qui me gagne, j'ai le souffle coupé, je pense à mes enfant. Je cherche Jérôme... où est-il ? ... sûrement à discuter avec les bénévoles ou autres copains... je cherche... rien ! Je regarde mon téléphone, j'ai un appel en absence... c'est lui. Je le rappelle : "je suis arrivée !!!" Il est surpris ... "déjà !!!" Je suis d'autant plus fière... réalisant qu'il ne s'attendait pas à cette performance (à mon petit niveau bien sûr ! ).

Karine

Bilan du jour et du relais, 2h26min pour boucler les 24 km, 30ème place sur 75 duos arrivants. L’UTPMA avec ses différents formats de course est une organisation bien huilée, ça se sent. J’ai perçu dans le staff de la concentration voire un peu d'inquiétude, peut-être générées par la gestion des coureurs sous les intempéries. Ce n’est jamais simple. Je retiens la joie de partager à deux un moment sportif dont je suis bien fier. A réitérer sans attendre !

 

Une mention toute spéciale à une personne hors norme que j’ai eu la chance de rencontrer, le grand Charly Bancarel. Du haut de ses 90 printemps, il était aujourd’hui sur la ligne de départ de ce parcours exigeant. C’est incroyable. Et je crois pouvoir affirmer sans trop me tromper qu’on souhaite tous arriver au même âge en pouvant dire « Je suis Charly ».

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