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La Saintélyon, c’est la boîte de chocolats de Forrest Gump, « on ne sait jamais sur quoi on va tomber ». Une épreuve en décalage, un véritable OVNI même, mêlant routes et chemins, spécialistes et néophytes, une épopée nocturne sans rivale. Si tu n’es pas polyvalent et adaptable, fuis vite car il faut tantôt crapahuter tantôt galoper. Et si tu es encore tenté, note enfin que la météo de décembre varie entre douceur relative et neige verglacée. Alors, tu viens ?

Boue de chemin ensemble, 76 km sur la SaintélyonBoue de chemin ensemble, 76 km sur la SaintélyonBoue de chemin ensemble, 76 km sur la Saintélyon

En plus d’être la doyenne des courses nature hexagonales, cette course a marqué mon histoire personnelle puisque ce fut mon premier trail long fin 2012. Ce défi initiatique a gardé un goût de reviens-y, avec 6 participations dont 3 aller-retours avec la joyeuse équipe de la 180. Cette année c’est en petite forme que je remets le couvert pour la 7ème, mais avec grand plaisir comme toujours. Les copains étonnés de ma présence pourront y voir plus clair à travers ces éléments, car il est vrai que je me lance rarement sur des courses à plusieurs milliers de partants.

 

Ceci étant dit, revenons donc à cette édition 2019.

Boue de chemin ensemble, 76 km sur la SaintélyonBoue de chemin ensemble, 76 km sur la Saintélyon

Avant-course

L’idée est d’arriver le vendredi sur place pour faire les choses sans pression. Le monde du trail étant petit, je fais la connaissance de Sandra et Sabine lors du covoiturage. On a bien ri, mangé et même un peu râlé en nous trompant de route. David se joint à tout ce petit monde pour un gargantuesque dîner dans un bouchon de la ville. Prendre des forces c’est important, tout comme faire le plein de sommeil. Je mets en pratique cette observation le samedi où tout s’enchaîne tranquillement : grasse matinée, puis tour en ville, salon du trail et navette direction Saint-Etienne. Je me pose à 17h dans le hall B du Parc Expo, immense et encore vide. Trois heures de sommeil me font du bien. La pasta party est à l’image de toute la nourriture de l’évènement (avant, pendant et après) : insipide. Dommage.

Boue de chemin ensemble, 76 km sur la SaintélyonBoue de chemin ensemble, 76 km sur la Saintélyon

Saint-Etienne - Saint-Christo en Jarez (km 18 / 1h56)

La pluie annoncée n’est pas encore là. Je fais tout-de-même le choix de sortir tard, à 23h40 avec une surcouche protectrice pour l’attente à 5°C. Je lance un « allez Manu » en voyant passer le dossard n°1… et mister Meyssat, pourtant dans sa concentration, fait quelques pas en arrière pour me saluer. J’ai le Mojo, il ne peut plus rien m’arriver ! L’ambiance est bon enfant, entre sourires et inquiétudes. Les vagues partent toutes les 10 minutes, et il est 00h22 lorsque je franchis la ligne de départ dans la dernière vague. L’objectif n’est clairement pas à la performance, mais plutôt au plaisir et au jeu du saute-mouton pour faire une course de remontée.

Boue de chemin ensemble, 76 km sur la SaintélyonBoue de chemin ensemble, 76 km sur la Saintélyon

Après 5 minutes à peine sur les grands boulevards, premier haut-le-cœur sans conséquence lorsque je me tords la cheville sur un trottoir. Un peu plus loin, la nouvelle bosse est bien plus amusante que le plat habituel. Les petites routes freinent un peu l’avancée du peloton, laissant le temps cependant d’admirer les lumières de la vallée. Après Sorbiers, le chemin plonge et remonte pas mal. La pluie apparaît et se renforce progressivement. Cette portion est vraiment ludique, et le temps passe assez vite alors que St-Christo se profile déjà.

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Saint-Christo en Jarez - Sainte-Catherine (km 31 / 4h02)

Ici c’est l’usine sous la grande tente ravitaillement. Il faut jouer des coudes pour accéder aux tables et sortir de cette marée humaine contente de quelques instants à l’abri. C’est reparti direction le bois du Gas. Je commence à rejoindre les vagues de devant et ma descente est fortement freinée. Dommage car je m’amuse bien malgré la pluie et le brouillard. Un détail important à partager, j’ai opté pour des chaussures neuves avec une accroche qui me permet de voltiger là où tout le monde glisse. Et ce n’est pourtant pas ma spécialité. De courtes montées et descentes successives mènent au point culminant de la course, où la température ressentie chute. Le cocktail altitude, pluie et fatigue probablement. Je rejoins le parcours historique et la descente sur le second ravitaillement. La pluie est dense, tout le monde se recroqueville dans sa coquille. Mot d’ordre : courir ou mourir… la « mort » étant synonyme de refroidissement voire d’hypothermie, donc d’abandon. Dans la rangée des bus, j’aperçois des visages décomposés au milieu des couvertures de survie. Triste spectacle.

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Sainte-Catherine - Chaussan (km 41 / 5h35)

Le ravitaillement de Sainte-Catherine est l’archétype de l’arrêt on-ne-peut-plus hostile. Si tu viens chercher du réconfort ici, c’est perdu : tout est à ciel ouvert et aux quatre vents, exceptée une petite tente bleue dont je profite quelques instants pour changer les piles de la lampe. Je connais la chanson et je file rapidement en me chauffant les mains sur ma bouteille de thé brûlant. Une petite baisse de forme s’estompe vite dans la descente du bois d’Arfeuille, où je m’éclate mais pas pleinement car ça freine devant. On descend longtemps et très bas avant d’amorcer la remontée sur Chaussan.

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Chaussan - Soucieu-en-Jarrest (km 53 / 7h24)

Le plus petit de tous les ravitaillement c’est ici, simplement deux barnums et du liquide. Frugal donc, et pas de quoi s’éterniser. Je ne rappelle plus précisément la suite, mais je me souviens me dire « de la boue encore et toujours ». On en sort jamais, de la boue souvent liquide mais pas vraiment glissante, et parfois de belles flaques qui ne donnent aucun autre choix que celui de sauter dedans. La surprise c’est leur profondeur, à plusieurs reprises je me retrouve avec de l’eau jusqu’aux genoux ! Mouillé pour mouillé…

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Soucieu-enJarrest - Chaponost (km 65 / 9h05)

Quand on est à Soucieu, le parcours est déjà bien entamé. C’est ici que je pose ma frontale, dans ce gymnase accueillant. Attention la chaleur réconfortante peut tourner au piège, aussi je ne prends que quelques minutes, et toujours des boissons chaudes pour accompagner fromage et saucisson. On s’enfonce dans les vignes et les vergers, virevoltant autour du Garon. Je n’ai pas l’énergie habituelle qui me permet de relancer fortement. Non là le rythme est tout en gestion, un peu en-dedans je dois bien le dire. Mais ce n’est pas grave, je profite du jour qui se lève et qui fait du bien.

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Chaponost - Lyon (km 76 / 10h43)

Chaponost, deux minutes d’arrêt. La pluie se calme un peu pour attaquer le parc. Dans le viseur, la montée de l’aqueduc de Beaunant, toujours aussi pentue, puis le parc aventure de Sainte-Foy. Un peu de bitume, une belle rangée de marches et voici les quais de Saône, le musée des Confluences, le pont Raymond Barre et… la Halle Tony Garnier !

 

Bilan chiffré : 76 km, 10h43, 1336ème sur 5700 partants, taux d’abandon 24 %.

Boue de chemin ensemble, 76 km sur la SaintélyonBoue de chemin ensemble, 76 km sur la Saintélyon

Cette 7ème Saintélyon avait du caractère. Côté tracé, les quelques bosses en plus apportent un bel équilibre. Si le mercure autour de 3°C m’a permis de courir en cuissard court, la difficulté majeure consistait à gérer l’exposition prolongée à l’humidité. En partant en fin de peloton, je n’ai jamais été seul dans ma remontée. De bons côtés pour discuter, de moins bons quand on cherche des espaces pour mettre les gaz. Bien content en tout cas car ce n’est pas parce qu’on finit une course à six reprises que la septième est gagnée d’avance. Jamais.

 

Merci à vous tous que j’ai croisé autour de la course : Sandra, Sabine, David, Alex, Guillaume, Christine, Pascal, Olivier, Séb, Sylvain, Etienne, Françoise, Yoann, Thomas, Jérôme, Titine, Jean-Michel, Christophe, Aude, Laurent… et vous tous qui m’avez encouragé à des heures improbables. Je vous promets qu’en vous lisant, je souriais dans la forêt, les pieds dans la boue !

Boue de chemin ensemble, 76 km sur la SaintélyonBoue de chemin ensemble, 76 km sur la Saintélyon

Pour conclure, une petite anecdote. Après la douche, le repas et la séance de Life+, c’est en récupérant mon sac à la consigne qu’une dame passe à tout berzingue avec sa grosse valise à roulettes, me labourant le gros orteil gauche. S’il n’est pas fracturé, j’en ai encore mal quelques jours après. Ceci vérifie la thèse qui dit que les accidents arrivent toujours bêtement, même après 76 km de course dans la boue, les racines et les cailloux !

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