Voici le récit imagé de 8 jours de pérégrination douce sur la partie orientale non pas "du" mais "des" Monts Lozère, car ici le terrain de jeu est riche, sauvage, loin de toute mondanité. Pile comme j'aime. Inutile de te dire que dans le contexte actuel de restrictions sanitaires et de couvre-feu, respirer le grand air de la Lozère a été plus qu'une simple idée, presqu'une nécessité. Alors tu viens ?
Ici c'est un pays d'eaux pures, de ruisseaux convergents, de tourbières aux écosystèmes uniques. Ici naît le Tarn pour une course effrénée de 380 km. Il surgit en catimini mais creusera bien plus loin des gorges remarquables.
Ici on prend le temps d'observer le minuscule, le détail. Ici on entend l'inaudible. Ici le temps se dilate pour que nos respirations profondes donnent lieu à des contemplations aussi simples que vitales, des veines du bois à l'empreinte du loup.
Ici le granit est roi, qu'il soit éparpillé en chaos ou organisé en bâtisses. Ici il se métamorphose en barque au Mas éponyme ou en chapeau de gendarme au petit jour. Ici il marque les frontières, comme sur le dernier cliché un pied en Lozère l'autre dans le Gard.
Ici on aime les grands espaces et être confiné dehors. Ici l'horizon s'étire toujours vers un point de fuite appaisant. Ici les couleurs et les ambiances sont clémentes ou mordantes, mais toujours franches et fascinantes.
Ici un drôle d'ostrogoth se plaît à tracer large comme à s'arrêter. Gagner en poésie, perdre en agilité. Parce que mettre de l'intemporel dans cette année de privations, c'est se dire que les jours meilleurs sont devant nous, forcément. Alors on se revoit très vite pour vérifier ça ensemble !
L'homme libre possède le temps. L'homme qui maîtrise l'espace est simplement puissant.
Sylvain Tesson