Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Que les sorciers du Trail me prêtent leur baguette magique pour réinventer l’épreuve idéale… Qu’y mettrais-je donc ? L’association de la course et des parcours off, c’est certain. Une épopée au long cours, bien sûr. La solitude du marin en pleine mer et la chaleur de ses retours aux ports, une évidence. Une bonne dose d’autonomie pour transcender tout cela. De l’histoire et de la géographie enfin pour avoir un fil rouge cohérent.

 

Et bien nous y voici, ce cocktail détonnant au format étonnant est né en janvier dernier, baptisé Expérience Grande Traversée Volcanique ! Grand merci à Jean-Michel (Chopin), Damien (Poulet) et Stéphane (Dumortier) d’avoir eu la folie de l’inventer, et la furieuse énergie de la mettre en œuvre. Plutôt que de te conter chacune des 53 heures de mon épopée, ce qui rendrait un peu fastidieuse la lecture, je reviens sur quelques points clés qui forgent la vraie identité de l’XGTV. Pour le reste, je te laisserai le soin de venir le découvrir par toi-même sur l’édition 2020. Une bonne idée non ?

Comme dans un rêve sur l'Expérience Grande Traversée Volcanique 220 kmComme dans un rêve sur l'Expérience Grande Traversée Volcanique 220 kmComme dans un rêve sur l'Expérience Grande Traversée Volcanique 220 km

Les territoires

 

Suivre un parcours en traversée plutôt qu’en boucle permet d’appréhender les choses différemment. On ne revient jamais sur ses pas, on profite plus intensément des instants. Un peu à l’image de la traversée de nos vies en fait. Et avec l’XGTV, tu en vois du pays.

 

Tout commence par un tour de chauffe sur le plus grand strato-volcan d’Europe que constitue le massif cantalien. Les sommets permettent ainsi d’admirer les sept profondes vallées disposées en étoile autour du cratère géant. Au programme le Plomb du Cantal (1855 m), les phonolithes du Puy Griou (1690 m) et le Puy Mary (1783 m). Ça commence plutôt bien. La première base de vie au col de Serre annonce la sortie du volcan au km 30, et le Puy de Niermont introduit la longue et belle traversée du plateau du Limon. Dans les alpages verdoyants parsemés de quirous se lovent d’antiques burons. Ici la vache Salers est reine.

 

La descente du plateau se fait lentement au rythme des campagnes et de petits bourgs comme Saint-Saturnin et Lugarde. Seconde base de vie à Condat au km 67, tout au fond de la vallée, le point le plus bas du périple. Ça continue de nuit à travers bois et plateaux, transition douce du Cantal vers le Puy-de-Dôme via Egliseneuve-d’Entraigues et Espinchal. Le froid de la première nuit est surprenant et même saisissant dans les tourbières où il faut se frayer un chemin pour ne pas patauger dans l’eau. Bonnet, gants et surpantalon suffisent à peine. Le lever du jour fait du bien à La Godivelle, puis voici Compains. De belles contrées rustique et perdues.

 

Les contreforts du massif du Sancy se font sentir doucement, du lac de Montcineyre au lac Pavin dont il faut faire le tour dans de belles forêts. Suit le Puy de Montchal et son belvédère sur le Sancy encore partiellement dans les nuages. Un chemin de croix plus tard, c’est Super-Besse qui s’offre  aux coureurs, troisième base de vie au km 120.

 

Tu reprendras bien une portion de montagne ? Oh que oui ! Après l’ascension assez directe vers le col de la cabane et le sommet du Sancy (1886 m) où il faut traverser de beaux névés, le parcours serpente agréablement (attention je prends mon souffle) : Puy de Cacadogne, Puy des Crébasses, Roc de Cuzeau, col de la Croix St-Robert, Puy de l’Angle, Puy de Barbier, Puy de Monne, Puy de la Tache, col de la Croix Morand… La lumière de fin d’après-midi pose de belles couleurs sur la végétation rase et les parapentes. Tout est calme pour reprendre une agréable descente dans les bois de pins vers les cascades du Rossignolet et du Queureuilh. Voici assez vite le Mont Dore, la Dordogne et ses résurgences d’eau chaude, et enfin La Bourboule.

 

Arrêt buffet pour s’équiper pour la nuit et l’ascension du Puy Gros (1485 m). Cette seconde nuit est clairement moins corsée que la première, même si les petits chemins de vaches ne permettent pas de courir facilement. Le Lac de Guéry annonce l’ascension du Puy de l’Aiguiller, puis le passage au Puy de la Combe Perret qui mène au très sauvage lac de Servières. Un tour de lac plus tard, Pessade n’est plus très loin. C’est le début de longues lignes droites un peu dures pour le mental, c’est aussi ça les plateaux volcaniques. Il suffira de tenir bon jusqu’à Saulzet-le-Froid, au Puy de Charmont et au Puy de Vichâtel pour relier la quatrième et dernière base de vie. Château de Montlosier, km 180.

 

Le test des jambes étant positif, et le soleil se levant, l’idée est maintenant de courir pour continuer. Les « bonjour » des coureurs du 110 km qui arrivent en sens inverse sont de petits encouragements qui me portent vers Laschamps sur ce passage hyper ludique. Je me perds un peu dans le village avant de continuer, puis une seconde fois peu avant Ceyssat m’obligeant à une orientation à la boussole pour rallier le col. L’ascension du Puy-de-Dôme (1465 m) par le chemin des Muletiers est bien connue des trailers avec ses quinze virages. En revanche, la descente par le chemin de la Chèvre et ses marches en bois est plus atypique. Au pied, j’ai l’impression d’être un lilliputien dans le grand jeu de quilles des Puys du Grand Suchet, de Côme et du Pariou. Après Vulcania, le chemin remonte pour jouer sur les hauteurs des Puys des Gouttes, de Clermont, de la Coquille et de Jumes. Tout finit par le Puy de la Nugère et quelques kilomètres à travers bois pour arriver à Volvic sur le site du Goulet.

 

Tu voulais des volcans, des lacs et des Puys ? Et bien tu en as eu pour tant argent, n’est-ce pas, avec cette intégrale !

Comme dans un rêve sur l'Expérience Grande Traversée Volcanique 220 kmComme dans un rêve sur l'Expérience Grande Traversée Volcanique 220 kmComme dans un rêve sur l'Expérience Grande Traversée Volcanique 220 km
Comme dans un rêve sur l'Expérience Grande Traversée Volcanique 220 kmComme dans un rêve sur l'Expérience Grande Traversée Volcanique 220 kmComme dans un rêve sur l'Expérience Grande Traversée Volcanique 220 km

L'Histoire

 

Se promener dans les volcans, c’est redevenir le petit garçon qui regardait cette période avec fascination. Et si les trois massifs traversés sont bien distincts, les dinosaures ne sont pas loin !

 

Commençons par le massif cantalien au sud, le doyen de notre traversée. Il s’est formé entre 13 millions et 2 millions d’années. Le cratère a un diamètre d’environ 60 km. Les érosions fluviales et glaciaires l’ont ensuite largement remodelé, taillant entre les plateaux basaltiques de larges vallées en rayons.

 

Remontons avec le stratovolcan des monts Dore, dont le Puy de Sancy est le point culminant. Sa formation a commencé il y a 5 millions d’années pour se terminer il y a 250 000 ans. Ce processus lent a engendré des sommets ronds, des vastes plaines et des pics acérés, où on trouve une grande diversité de roches.

 

Finissons enfin avec le petit dernier, la Chaîne des Puys tout au nord. Elle date de moins de 10 000 ans, c’était hier à peine ! Les éruptions simples ont façonné de beaux cratères arrondis, le plus célèbre étant le Puy Pariou popularisé sur les étiquettes de Volvic. Cette zone reste sous surveillance scientifique car l’activité est loin d’être nulle encore aujourd’hui.

Comme dans un rêve sur l'Expérience Grande Traversée Volcanique 220 kmComme dans un rêve sur l'Expérience Grande Traversée Volcanique 220 kmComme dans un rêve sur l'Expérience Grande Traversée Volcanique 220 km
Comme dans un rêve sur l'Expérience Grande Traversée Volcanique 220 kmComme dans un rêve sur l'Expérience Grande Traversée Volcanique 220 kmComme dans un rêve sur l'Expérience Grande Traversée Volcanique 220 km

L’autonomie


L’une des caractéristiques intéressantes de l’XGTV est l’espacement des ravitaillements, parfois de plus de 60 kilomètres. Ça demande une vraie gestion d’autant plus que les villages traversés n’ont pas de commerce et qu’on y trouve au mieux une fontaine. Emporter quelques pastilles purificatrices pour la boisson n’est donc pas un luxe si on veut puiser l’eau du torrent. Côté solide, mes deux assiettes de truffade ou de lasagnes sur chaque base de vie m’aidaient à passer assez facilement chaque étape je dois le dire.

Comme dans un rêve sur l'Expérience Grande Traversée Volcanique 220 kmComme dans un rêve sur l'Expérience Grande Traversée Volcanique 220 kmComme dans un rêve sur l'Expérience Grande Traversée Volcanique 220 km

L’orientation


En voilà un côté sympa, trouver son chemin soi-même comme dans les meilleurs offs. Les outils ? Les cartes IGN et la trace entrée dans mon GPS de randonnée, qu’il suffisait de confronter en cas de doute pour retrouver la bonne voie. Quelques souvenirs croustillants perdureront comme ce moment avec Claire cœur de la nuit, en plein brouillard dans les alpages… on a pas mal tourné avant de trouver la sortie de ce labyrinthe invisible !

Comme dans un rêve sur l'Expérience Grande Traversée Volcanique 220 kmComme dans un rêve sur l'Expérience Grande Traversée Volcanique 220 kmComme dans un rêve sur l'Expérience Grande Traversée Volcanique 220 km

La Fraternité


La solitude du chemin bienheureux pousse toujours à aller vers les autres. Et on retrouve vite cette belle humanité qui manque tant à nos vies citadines, sédentaires, isolées. Une immense big-up à Claire, avec qui on a discuté au début contents de se retrouver, qui est parfois repartie devant moi d’une base, et que j’ai perdu sur la fin du périple… Les 46 heures passées ensemble furent un beau voyage, aidant forcément, passionnant c’est sûr. On s’en souviendra je crois. Mon seul regret, ne pas être allé la rechercher sur la fin, par manque de lucidité forcément. Un énorme clin d’œil également à tous les coureurs de cette première édition, l’esprit était vraiment décomplexé, exempt de toute compétition. Ça fait du bien. Une standing-ovation pour finir à l’équipe organisatrice assignée à notre suivi, des spécialistes de la discipline avec un cœur gros comme ça, une écoute exemplaire et des mots réconfortants. Au risque d’oublier quelqu’un, je ne citerai personne mais vous avez tous été parfaits. L’émotion sur la grande scène à l’arrivée traduisait bien l’aventure vécue par chacun je crois, et tous ensemble finalement. Le mot Fraternité avec un grand F suffit à décrire cela.

Comme dans un rêve sur l'Expérience Grande Traversée Volcanique 220 kmComme dans un rêve sur l'Expérience Grande Traversée Volcanique 220 kmComme dans un rêve sur l'Expérience Grande Traversée Volcanique 220 km

L’intégration dans la VVX


Dans un océan tantôt minéral, tantôt végétal, l’XGTV est une solitaire qui a beaucoup de similitudes avec celle que vivent les marins. Malgré tout, retrouver de la compagnie à l’arrivée c’est comme rentrer au port, une vraie fête. Et la VVX ce n’est pas que du sport. Ainsi, Volvic vibre pendant tout le week-end d’évènements culturels et gourmands qui laissent une grande place à la fête : repas de rue, déambulations, spectacles musicaux, découverte des tailleurs de pierre, visite du musée, etc… de quoi occuper intelligemment toute la famille, petits et grands.

Comme dans un rêve sur l'Expérience Grande Traversée Volcanique 220 kmComme dans un rêve sur l'Expérience Grande Traversée Volcanique 220 kmComme dans un rêve sur l'Expérience Grande Traversée Volcanique 220 km

En guise de conclusion, je ne vais pas te dire de t’inscrire aveuglément à cette XGTV, ce serait suicidaire (rappel : 20 partants en solo, 9 finishers). S’il n’y a pas de grosse difficulté sur le papier outre la longueur de l’épreuve, sur le terrain il en est autrement. C’est la conjonction de chaque petite chose - l’autonomie, l’orientation, l’avancée, la nuit, le froid - qui fait que ça se transforme en succès ou en Bérézina. Si tu te sens suffisamment armé pour goûter à tout cela, alors viens sans hésiter en 2020, c’est pour moi l’épreuve ultime des volcans.

Comme dans un rêve sur l'Expérience Grande Traversée Volcanique 220 km
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :